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Enseignement de la comptabilité

Enseignement de la comptabilité
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Enseignement de la comptabilité
18 juin 2006

De l’art de faire les choses à l’envers

Parmi les façons de varier les approches pédagogiques, il en est une assez simple à mettre en œuvre et qui consiste à prendre le problème à l’envers.

Ainsi, par exemple, au lieu de demander aux étudiants de passer des écritures à partir de la description des opérations réalisées par l’entreprise, il est possible de leur donner une liste d’écritures et de les interroger sur l’activité de l’entreprise : source des financements ? utilisation des fonds disponibles ? solde du compte bancaire ? décaissements et encaissements à prévoir ? etc … (pour télécharger l’énoncé de l’exercice, cliquer ici)

De la même façon, pour introduire le traitement comptable d’un nouveau type d’opérations il peut être intéressant de donner les écritures aux étudiants et de leur demander de les commenter. Ainsi, j’ai créé une application sur ce modèle pour traiter le chapitre sur la comptabilisation des emballages. Je n’ai pas encore pu la tester mais le contenu est le suivant : je commence par présenter trois écritures comptables, correspondant à trois types d’achats d’emballages (emballages perdus, immobilisés ou consignés) et je demande aux étudiants de les associer aux opérations énoncées en justifiant leurs réponses. Je prévois que la distinction entre les emballages perdus et immobilisés viendra rapidement et que les emballages consignés seront identifiés par différence. Je leur demanderai alors de commenter cette écriture et de justifier l’utilisation du compte de tiers. J’espère que la discussion qui s’en suivra sera très féconde et aidera à la mémorisation du schéma comptable !
Enfin, pour s’assurer de la compréhension du mécanisme de consignation et pour ancrer fermement le traitement comptable dans leur mémoire, je leur demanderai de réfléchir pour proposer des schémas d’écritures de déconsignation.
Pour télécharger le support du TD sur les emballages, cliquer ici.

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8 juin 2006

Témoignage sur La Marée Fraternelle

Voici un extrait d'un message reçu d'Hélène Charrier, enseignante à l'IUT de Tours, qui utilise le jeu "La Marée Fraternelle" et qui confirme l'intérêt de ce type d'approche globale et ludique :

"Quelques remarques sur le jeu "marée fraternelle" que j'utilise avec mes étudiants depuis 3 ans. Nous jouons à ce jeu pendant 2 séances la semaine de la rentrée afin qu'ils découvrent la comptabilité sous un angle ludique. Les résultats sont flagrants car ils s'investissent tout de suite et ce n'est pas forcément les étudiants issus de STT qui s'en sortent le mieux. Ils travaillent par groupe et sont autonomes durant les 2 ou 3 premières étapes. Ensuite, à l'issue des étapes suivantes, je fais un récapitulatif avec des points clés et des mots clés à retenir.
Finalement, on s'apperçoit qu'ils comprennent assez vite et sont enjoués. Cela se complique ensuite lorsque les cours d'amphi de comptabilité démarrent et surtout lorsque des points techniques voient le jour tels que les emballage ou les effets de commerce. C'est pour cela que votre approche m'intéresse car je reste persuadée que nous devrions rester dans cette approche ludique, dans la mesure du possible, tout au long de la première année. L'objectif premier étant de leur faire aimer la gestion comptable et qu'ils comprennent les mécanismes et leurs conséquences sur un bilan et un compte de résultat. Cela facilite alors l'analyse financière."

24 février 2006

Approche patrimoniale ou par les flux ?

J’ai eu l’occasion de pratiquer les deux approches et je pense que chacune présente des avantages. Selon la situation, une approche sera plus adaptée qu’une autre.
L’approche par les flux est plus rapide et elle permet de démarrer avec des élèves qui n’ont pas de connaissances particulières en droit (notion de patrimoine en particulier).
L’approche patrimoniale nécessite un détour pédagogique (présentation du bilan, du compte de résultat, notion de patrimoine) mais elle permet ensuite d’aller plus loin. Elle permet en particulier de mieux comprendre les écritures d’inventaires qu’il est difficile de justifier en termes de flux. De plus, elle permet de « préparer le terrain » pour d’autres disciplines, en particulier l’analyse financière. Il est en effet délicat d’enseigner l’art d’analyser des comptes annuels à des étudiants qui ne maitrisent pas correctement leur contenu ….
Le choix de la méthode adaptée repose donc en grande partie sur les objectifs poursuivis : si on cherche juste à former des personnes capables de comptabiliser des factures ou des opérations courantes, l’approche par les flux est certainement la plus efficace. En revanche, si on souhaite faire comprendre les mécanismes et les enjeux de la comptabilité, l’approche patrimoniale me semble supérieure.

Une tentative de synthèse

En fait, je ne pense pas qu’il existe une méthode miracle qui fonctionne avec tous les étudiants : chaque élève apprend à son rythme et à sa façon (lois de l’apprentissage de Skinner). Ainsi, pour augmenter les chances de compréhension des mécanismes comptables par les étudiants, il me semble judicieux de leur proposer les deux approches. Le choix d’une méthode n’est donc pas un choix absolu et exclusif, mais seulement le choix d’une dominante.

Mon approche

Ma préférence va à l’approche patrimoniale qui permet des travailler les liens avec les autres disciplines de la gestion financière et d’atteindre des objectifs plus élevés que l’approche par les flux.

Je commence donc par présenter les notions de bilan et de compte de résultat aux étudiants. Pour illustrer mon propos, je dresse le « bilan » d’une étudiante en listant les éléments de son patrimoine : un scooter, un ordinateur, un compte en banque, de l’argent liquide … mais aussi un prêt étudiant à rembourser.

Puis nous étudions le même bilan une année après : le scooter et l’ordinateur ont perdu de la valeur et le prêt a été partiellement remboursé. L’étudiante a financé ses dépenses grâce à l’argent de poche versé par ses parents et à des baby-sittings.

J’introduis ainsi les notions de patrimoine, d’enrichissement, d’appauvrissement et de résultat. J’insiste sur la différence entre le résultat et la trésorerie :
- le montant du compte bancaire a diminué mais le patrimoine net a augmenté (remboursement de l’emprunt)
- la perte de valeur du scooter et de l’ordinateur ne correspondent pas à des décaissements.

Cette première partie est assez longue mais, une fois ces notions maitrisées, il est assez facile de les transposer aux données d’une entreprise.

Les opérations classiques sont alors abordées à travers leur impact sur le  bilan et le compte de résultat (achats, ventes, investissements, …). A ce stade, je n’adhère pas à la méthode communément pratiquée qui consiste à présenter les opérations d’achats et de ventes comme des augmentations et diminutions du stock. Je considère en effet qu’il est extrêmement difficile de rectifier par la suite cette représentation erronée.

Je préfère présenter dans un premier temps des achats et ventes qui ne génèrent pas de stockage (activité de services). Puis, une fois que la notion de charge est maitrisée, je précise que, par convention et dans un but de simplification, les achats de matières premières et de marchandises sont considérés comme consommés dès leur achat et donc enregistrés en charges. Je rajoute que la régularisation des matières non consommées (donc stockées) a lieu à la clôture des comptes.

Enfin, je présente le fonctionnement des comptes, leur numérotation et les termes de débit et de crédit. C’est à l’issue de cette que j’introduis l’analyse par les flux en la présentant comme une alternative possible pour les étudiants qui n’ont pas accroché à l’approche patrimoniale. Je commence par les opérations générant un mouvement de trésorerie en expliquant qu’un décaissement est toujours un moyen (une ressource) et un encaissement un but (un emploi). Je conseille de commencer par placer le compte de trésorerie du bon côté et d’équilibrer ensuite l’écriture. Pour les opérations à crédit, je conseille de commencer par présenter l’écriture comme si l’opération avait eu lieu au comptant, puis de remplacer le compte de trésorerie par une créance ou une dette.

Une alternative : l’approche par la modélisation

Une étude très intéressante menée au sein de l’IUFM d’Aix-Marseille recense les différentes approches possibles de la comptabilité. Ils indiquent une autre voie possible : celle de l’approche par la modélisation.

Celle-ci consiste à étudier d’abord les mécanismes économiques et financiers en jeu au sein d’une entreprise avant d’aborder leur modélisation comptable.

Cette approche me semble présenter un potentiel important même si le détour pédagogique est long. J’ai donc l’intention de la tester à la rentrée prochaine et j’ai commandé un support  pédagogique nouveau : le jeu « la marée fraternelle » édité par le Grapfig (je suis en effet une fervente partisane d’une approche ludique des enseignements).

Dans l’attente, si certains parmi vous ont eu l’occasion de pratiquer cette approche, merci de laisser un commentaire ou de me contacter par mail (lien « contacter l’auteur »).

11 février 2006

Les raisons de cette évolution

Ca y est, je viens de revoir les étudiants ayant participé à mon étude sur l’image de la comptabilité.

Après leur en avoir présenté les résultats, je leur ai demandé de remplir un questionnaire pour indiquer, parmi une série d’éléments que j’avais listés, ceux qui avaient contribué à l’évolution de leur opinion sur la comptabilité. J’ai commencé par dépouiller les réponses des étudiants qui avaient déjà étudié la comptabilité précédemment. En effet, leurs représentations étaient les plus solidement ancrées et leur changement d’opinion n’en a que plus de valeur à mes yeux.

Le principal élément cité était la clarté des explications fournies, en particulier à l’oral. Comme quoi, la didactique a encore de beaux jours devant elle …

Tout de suite après, venait « l’investissement de l’enseignante dans ses cours ». J’avais toujours été persuadée que – contrairement au discours communément répandu - les étudiants sentent bien les efforts que nous fournissons pour eux et en fournissent à leur tour en retour. J’en ai maintenant la preuve.

Etaient également fréquemment cités « la disponibilité de l’enseignante pour répondre aux questions », sa « conviction de l’intérêt de sa matière » et l’adéquation des exercices aux connaissances étudiées. Les différentes techniques que j’avais utilisées (tutorat, utilisation du jeu, …) avaient également joué un rôle positif mais pas majeur selon les étudiants interrogés. Chez les étudiants n’ayant jamais étudié la comptabilité, les éléments didactiques étaient les plus fréquemment cités (exercices, explications, progression, …).

J’en déduis donc qu’il n’y a pas de « recette » miracle pour faire aimer sa discipline aux étudiants mais plusieurs « ingrédients » indispensables :
- des compétences techniques, en particulier didactiques,
- des compétences humaines : empathie, enthousiasme, …
… et surtout que c’est possible quand on y croit et qu’on s’en donne les moyens !

Pour plus de détails, vous pouvez télécharger le questionnaire et les réponses en cliquant ici.

27 janvier 2006

Quelle image les étudiants ont-ils de la comptabilité ?

Je suis persuadée que l’image que les étudiants ont d’une matière influe fortement sur leurs résultats. Certaines matières, réputées difficiles, créent des blocages chez certains étudiants qui, persuadés de n’avoir aucune chance de réussir, n’essayent même pas d’apprendre et de progresser (impuissance apprise). C’est en particulier le cas des mathématiques.

Je craignais que la comptabilité ne souffre d’une image doublement négative : celle d’une discipline ennuyeuse et compliquée. Et je craignais surtout que cette représentation ne nuise à la motivation et à l’implication des étudiants dans leurs apprentissages.

Pour vérifier mon hypothèse, j’ai distribué à 120 étudiants de 1ère année de GEA une liste de plusieurs adjectifs parmi lesquels je leur ai demandé de choisir ceux qui reflètent le mieux l’image qu’ils ont de la comptabilité. Le dépouillement de leurs réponses a donné les résultats suivants :
- les adjectifs négatifs (obscur, difficile, ennuyeux, …) étaient cités plus d’une fois sur trois,
- les autres adjectifs à être cités étaient neutres et objectifs (nécessaire, logique, ...).

Pour plus de détails, cliquer ici.

Il s’agissait du premiers cours de l’année et les 2/3 des étudiants n’avaient jamais étudié cette matière. L’autre tiers provenait de terminale STT et avait déjà étudié cette discipline pendant deux ans.

Leurs représentations n’avaient donc pas la même origine ni la même force et j’ai trouvé intéressant de pouvoir effectuer des tris sur ce critère : les adjectifs négatifs étaient cités près d’une fois sur deux chez les étudiants n’ayant jamais étudié la comptabilité mais seulement une fois sur quatre chez les anciens STT.

Pour plus de détails, cliquer ici.

L’évolution des représentations

Au cours suivant, j’ai présenté ces résultats aux étudiants en indiquant sur un ton humoristique que la comptabilité était une matière qui « gagnait à être connue ». Puis j’ai annoncé que je considérais que la comptabilité pouvait être simple à condition de chercher tout d’abord à comprendre les mécanismes et la logique de son fonctionnement.

Tout au long du trimestre, je me suis ensuite efforcée d’introduire les difficultés de façon très progressive et surtout de bien mettre en évidence la logique et les mécanismes de fonctionnement des écritures.

J’ai également essayé d’adopter une approche variée et parfois ludique, dans mes cours.

A la fin du trimestre, j’ai proposé à nouveau la même liste d’adjectifs aux étudiants et j’ai constaté avec plaisir que les représentations avaient considérablement évolué : les adjectifs positifs (facile, intéressant, …) étaient cités une fois sur quatre, alors qu’ils étaient quasiment inexistants auparavant. Les adjectifs négatifs avaient quant à eux quasiment disparu.

Il n’y avait pas de différences notables entre les choix des anciens STT et ceux des autres étudiants.

Pour plus de détail, cliquer ici.

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